LES FIBULES D'ARGENTOMAGUS

par R. Albert et I. Fauduet Présentation de J. Allain

Depuis 1962, l'équipe de l'Association pour la Sauvegarde du Site Archéologique d'Argentomagus a assumé sur les chantiers des Mersans, cœur de l'oppidum romanisé, et au cimetière du Champ de l'Image, une tâche considérable.

Les étapes successives en sont brièvement retracées plus loin mais il appartient au responsable des fouilles de rappeler ici succinctement les méthodes qui ont été mises en œuvre.

Sur le terrain, depuis le début des recherches, le décapage par larges surfaces a été appliqué en fonction d'un quadrillage à mailles de 5 m avec bermes de contrôle d'un mètre.

L'enregistrement de tous les vestiges rencontrés a été effectué selon les coordonnées cartésiennes, grâce à un cadre de repérage spécialement conçu par les techniciens de l'équipe. Ce procédé, dont la simplicité réduit au minimum les risques d'erreur, même entre les mains de fouil- leurs débutants, permet aisément le report sur plan au 1/10*.

La fouille a été constamment et exclusivement faite à la truelle et à la brosse ainsi qu'au pinceau, sauf lorsque le dégagement d'objets fragiles nécessitait l'emploi d'un matériel plus fin.

Les terres extraites ont été intégralement tamisées, ce que rendait possible la forte teneur en sable des sédiments.

Les résultats de cet ultime traitement des terres surprennent toujours les fouilleurs : l'attention la plus vigilante laisse malgré tout échapper, de temps à autre, la monnaie encroûtée ou l'intaille, or, la sécurité que donne le tamisage permet au fouilleur de ne pas négliger au profit de l'objet l'aspect le plus fugace et souvent le plus important de la fouille : la structure même du sol, sa coloration particulière ou sa compacité.

Ainsi les meilleures conditions sont-elles réalisées pour l'analyse stratigraphique rendue des plus complexes par l'imbrication extrême des niveaux, souvent remaniés par les occupations ultérieures.

La plus belle séquence stratigraphique relevée à ce jour a permis de distinguer 16 niveaux s'étageant du début de la Tène III à la fin du ne siècle sur une épaisseur de 2,50 m.

Dans la cour du fanum Est, particulièrement riche en fibules, l'épaisseur moyenne de l'ensemble des couches archéologiques chronologiquement situées de la conquête à la fin du m* siècle, dépasse le mètre, entre les nombreux puits et fosses qui parfois descendent jusqu'à 6 m.